Vêtements

Les dangers du polyester et des vêtements synthétiques

Perturbateurs endocriniens, irritations de la peau et impact écologique : pourquoi le vêtement synthétique est dangereux.

Depuis plus de trente ans, la plupart des vêtements que l’on se trouve sur le marché contiennent des fibres synthétiques ; nous sommes habitués à nous vêtir sans nous préoccuper de la composition des tissus de nos vêtements. Pourtant, la composition est un critère essentiel : en effet, même 3% d’élasthanne dans une veste se remarquent instantanément : le toucher est désagréable, le tissu est visuellement moins beau et sa solidité est altérée. La fibre synthétique ne pose cependant pas qu’un problème esthétique. Elle est aussi destructrice, à la fois pour le corps humain et pour l’environnement. Le polyester est le matériau synthétique le plus produit, mais les autres matières synthétiques posent exactement le même problème : polyamide, élasthanne, nylon, spandex, acrylique, sont autant de matières à bannir de sa garde-robe.

Cancers, pollution du système endocrinien, contamination des eaux : le polyester est un fléau, et nous devrions tous le retirer de notre garde-robe.

Le vêtement synthétique est sans vie.

           Les fibres naturelles vivent sur notre corps. Le lin, par exemple évolue au fil des lavages, du port, de notre température corporelle ; la soie et la laine sont des matières thermorégulatrices, tandis que le coton est appréciable pour sa douceur. Ces matières plissent, se froissent, s’assouplissent au gré de nos mouvements : elles épousent notre mode de vie.

Les matières synthétiques, en revanche, sont inertes, mortes. Enduites pour faciliter le repassage, elles ne froissent pas vraiment, et ne sont d’ailleurs jamais parfaitement lisses non plus. L’aspect du tissu est négligé. La fibre plastique fait transpirer, donne chaud, et est désagréable à porter : une chemise en coton de bonne qualité maintient au frais en été, tandis qu’une chemise en polycoton (un mélange classique de 60% de coton et 40% de polyester) accumule la chaleur et active la transpiration. En hiver, on observe le phénomène contraire : une matière naturelle se réchauffe avec notre corps, et une matière synthétique reste froide et insuffisante. De plus, le polyester assèche la peau et les cheveux à cause des frottements et de l’absence d’affinité naturelle de cette matière avec notre peau, et favorise l’électricité statique.

          Le plastique, c’est cheap : et ce dans tous les sens du terme. Une pièce en polyester aura toujours l’air moins habillée, moins raffinée qu’une pièce similaire en matière naturelle. Et pour cause : le polyester est peu coûteux à produire ; les industriels de la fast-fashion s’en servent d’ailleurs pour baisser les coûts de la matière première. Ainsi, une robe en polyester pourtant pleine de détails et de fioritures, broderies, dentelles et autres volants, aura toujours l’air de moins bonne qualité qu’une modeste robe simple en soie ou en lin. Les teintures du polyester au contraire sont lisses, uniformes, sans saveur. En d’autres termes, vous aurez toujours l’air de porter des vêtements de mauvaise facture (et c’est effectivement le cas). Lorsque l’on commence à supprimer les matières synthétiques de sa garde-robe, celle-ci gagne immédiatement en qualité. 

Mais les problèmes d’esthétique et de défectuosité de tels vêtements sont un moindre détail à côté de leur importante nocivité à la fois pour la planète et pour notre corps.

Le polyester, un danger pour le système endocrinien.

Au contact de notre peau, le polyester est la cause de nombreux désagréments. Tout d’abord, il est source d’allergies et d’irritations car son contact avec la peau cause des frottements et une transpiration excessive.
S’il est fréquent de souffrir d’allergies au polyester, il existe une conséquence plus grave encore car invisible : son effet sur la fertilité, aussi bien chez les femmes que chez les hommes.

Chez les femmes, le polyester favorise les cystites et autres infections urinaires. L’excès de chaleur et d’humidité, associé au fait que les fibres plastiques attirent et retiennent les bactéries tout en favorisant leur multiplication, sont autant de facteurs provoquant des cystites. Porter des sous-vêtements en matière synthétique est donc dangereux : même lorsque le fond d’une culotte ou le gousset sont en 100% coton, si le reste est en satin de polyester les microfibres se détacheront au lavage et se mélangeront à celles du coton, créant les mêmes désagréments qu’une culotte en 100% polyester. Ces petites fibres de plastique, par ailleurs, infectent les muqueuses et peuvent provoquer le syndrome du choc toxique au même titre que les tampons hygiéniques. 

Chez les hommes, l’électricité statique provoquée par le frottement du polyester sur les parties génitales provoque des perturbations de la spermatogénèse. La charge électrostatique est telle qu’elle diminue drastiquement la production de sperme et favorise la dégénérescence des cellules. Un sous-vêtement en polyester, ou un pantalon de costume doublé en matière synthétique, présente un danger pour la fertilité.

Alors que l’on chasse les perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques en évitant les parabens (parahydroxybenzoate), on oublie de les retirer de nos vêtements, alors qu’ils s’y trouvent en contact direct avec la peau et les muqueuses. La macération des bactéries et des colorants dans la chaleur et l’humidité, en plus de tous les composés toxiques des vêtements synthétiques, ont des conséquences dramatiques sur le corps humain et la fertilité. Mais l’impact n’est pas seulement réduit à l’échelle humaine.

Métaux lourds, pétrole et colorants toxiques : une catastrophe environnementale.

          Lors de sa fabrication, le polyester est façonné et traité avec de nombreux éléments chimiques dangereux. Très difficile à teindre, il est nécessaire d’employer des colorants dispersés. Le polyester est baigné dans un mélange de composés chimiques, notamment de la soude caustique (hydroxide de sodium) et de l’hydrosulfite de sodium qui libère un gaz toxique (le dioxyde de soufre) lorsqu’il est en contact avec l’eau. Les colorants en eux-mêmes sont hautement irritants. Le procédé est également vorace en énergie puisque la fixation ne peut se faire qu’à très haute température, au-delà de 100°C, dans des fours. Les émanations qui s’en dégagent sont toxiques pour l’homme et très polluantes.
Si le textile est un mélange de fibres, comme un coton-polyester, il sera teint deux fois car la teinture employée pour le polyester ne fonctionnera pas de la même façon sur les autres matières. Un vêtement en polyester est donc passé par plusieurs couches de teintures et de traitements toxiques, surtout s’il est recyclé : ce sont autant de matières irritantes et dangereuses en contact avec votre peau. Les ouvriers de l’industrie textile souffrent de cancers, notamment du cancer de la vessie, dû notamment à l’exposition aux colorants. Ces mêmes colorants se retrouvent en contact direct avec votre peau (impactant la fertilité à cause des métaux lourds) et sont rejetés dans les eaux lorsque vous lavez vos vêtements. La colorisation des eaux usées, dont personne ne parle, fait partie des problèmes majeurs de l’industrie textile. Le surplus de colorant utilisé pour les bains de vêtements synthétiques est lui aussi rejeté dans les eaux. 

          Lorsqu’il n’est pas fait à partir de matières plastiques recyclées, le polyester requiert l’utilisation d’une matière non renouvelable : le pétrole. Il est donc nécessaire de puiser ce pétrole et de le raffiner, ce qui demande d’autres procédures chimiques et polluantes. On estime à plus de 70 millions de barils par an la quantité de pétrole utilisée uniquement pour la fabrication de textile synthétique.

Les colorants et leurs composés dangereux ne sont qu’une partie du problème. En effet, le simple fait de laver un vêtement en polyester cause des dégâts très importants.

Les microfibres : du plastique allant de l’eau à l’assiette

Lorsque vous lavez un vêtement en polyester, des milliers de microfibres s’en détachent et se répandent dans l’eau. Pour une machine remplie de vêtements synthétiques ou mélangés, cela représente plusieurs centaines de milliers de fibres de plastique microscopiques de moins de 5mm de longueur. Selon les matériaux synthétiques et pour un seul lavage, ce sont de 100.000 à plus de 700.000 microfibres rejetées dans les eaux usées.

Ces microfibres, pour certaines, sont trop fines pour être filtrées par les stations de traitement des eaux usées et sont rejetées dans les rivières, les lacs et les océans. Une fois parvenues dans les eaux, ces petites fibres stagnent à différentes profondeurs et agissent comme des éponges : elles attirent vers elles les métaux lourds, les composés non biodégradables, et les concentrent en de véritables continents de déchets. Le polyester constitue l’une des sources principales de la pollution des océans.


Nous retrouvons ainsi le polyester et d’autres matières synthétiques dans notre alimentation. En effet, les animaux marins ingèrent les microfibres plastiques et lorsque l’on observe la chair des poissons ou des crabes vendus pour la consommation au microscope, on peut remarquer la présence de ces fibres.
Une alimentation végane ne nous protège pas pour autant : nous pouvons tous ingérer des microfibres plastiques puisqu’elles sont présentes jusque dans le sel de table, les algues marines, ou encore dans l’eau que nous buvons.

 

Porter un vêtement synthétique pose donc de nombreux problèmes : sa fabrication utilise des ressources non renouvelables et est extrêmement polluante pour l’air et les eaux, et requiert de nombreux élément et procédés toxiques ; son port nous empoisonne personnellement, et le fait de le laver pollue les eaux et les aliments. On ne peut pas décemment se dire végan en portant du polyester.

Greenwashing textile : les marques écolo qui vous vendent du polyester

Comme dans tout autre domaine, le textile n’échappe pas au greenwashing. Le principal argument des marques « écolo » repose sur le recyclage. Le discours tenu ? « Notre polyester provient de bouteilles de plastique recyclées », ou encore « Notre tissu synthétique est fait à partir de chutes de tissu recyclées ». Le tissu recyclé, paraissant être une bonne idée, s’avère en fait tout aussi néfaste pour l’environnement que le tissu non-recyclé.
En effet, les tissus à recycler sont hachés, découpés très finement, les fibres textiles ainsi cassées sont encore moins solides : par conséquence, le rejet de microfibres au lavage de vêtements recyclés est encore plus important. De plus, le polyester recyclé est très difficile à décolorer et à teindre, ce qui nous renvoie au problème de colorants dispersés, de métaux lourds, de coloration des eaux et de pollution de l’air à cause des émanations toxiques. Le polyester recyclé n’est pas moins néfaste pour la peau et les muqueuses que le polyester classique. Il pollue tout autant, et perturbe pareillement le système endocrinien.

De nombreuses marques, dont certaines mises en avant par les blogueuses bio, argumenteront en faveur du polyester recyclé. Il ne faut pas se fier au discours commercial trompeur de ces marques. Ces sociétés n’hésitent pas à brandir le label Oeko-tex comme dernière arme, gage de qualité : il n’en est rien. Le label Oeko-tex 100 n’est pas un standard écologique. Des produits contenant des perturbateurs endocriniens peuvent tout à fait être labellisés Oeko-Tex 100. Une marque vendant des vêtements en polyester ne peut en aucun cas prétendre avoir une conscience écologique.

La solution : ne plus porter aucune matière synthétique.

Il ne s’agit pas d’extrémisme, mais d’une démarche saine pour tous. Il est nécessaire d’éliminer totalement les fibres synthétiques de sa garde-robe. Porter du polyester en permanence est aussi néfaste que la malbouffe quotidienne. La tolérance doit être absolument nulle : même un faible pourcentage ne devrait être toléré. Une seule pièce synthétique que vous gardez et que vous lavez avec vos vêtements en matière naturelle répand ses microfibres dans vos autres vêtements. 

L’on pourrait se dire qu’un costume ne se lave pas ; cependant, les doublures synthétiques perdent elles aussi des microfibres en frottant contre vos autres vêtements ou contre votre peau. Le pressing n’empêche pas les effets néfastes du polyester sur le corps humain, et l’impact environnemental de la fabrication de votre costume n’est pas à négliger. De plus, la présence de matériaux synthétiques dans un costume est une bonne démonstration de mauvaise qualité : plastron synthétique thermocollé ou satin de polyester comme doublure sont tous deux à oublier.

De nombreuses solutions existent aujourd’hui à notre petite échelle : revendre, donner, recycler. On ne peut continuer d’ignorer le problème du polyester. 

 

Pour en savoir plus : articles et études de référence.

Etude : impact sur la fertilité, potentiel électrostatique généré sur le scrotum humain, coton et polyester (PDF) :
https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.3109/01485019208987718&sa=U&ved=2ahUKEwjMtfqj96PqAhUF3hoKHbRoBFwQFjAJegQIABAB&usg=AOvVaw2v8xIEuYPlqj_NDhOiuheA

Pourquoi le plancton se nourrit de plastique :
https://www.youtube.com/watch?v=beUhzQAkanM
L’histoire des microfibres :
https://www.youtube.com/watch?v=BqkekY5t7KY

Que sont les fibres synthétiques et pourquoi les éviter :
https://www.youtube.com/watch?v=W-V1GH4Gt2I
Fabrication d’un fil de polyester :
https://www.youtube.com/watch?v=fNdsOraykNI
Comment la fast-fashion détruit notre environnement :
https://www.youtube.com/watch?v=YOA0D0i5-fA
Futura Sciences – Microplastiques : comment nos vêtements polluent les océans :
https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/ocean-microplastiques-nos-vetements-polluent-oceans-36375/
Les colorants textiles source de contamination de l’eau (PDF) https://www.erudit.org/fr/revues/rseau/2011-v24-n3-rseau5004724/1006453ar.pdf

Passionnée d’art, j’ai repris le dessin en 2019 après une longue pause. J’aime énormément chiner, me rendre chez les antiquaires et sur les brocantes ; les vieux manuels d’étiquette et les livres anciens de dames que l’on peut avoir la surprise d’y trouver sont pour moi de vrais trésors. Je partage avec vous mon univers entre nature, écologie, dessin et beauté.

13 Commentaires

  • Clélie

    Article très intéressant. Je fais déjà attention à ce que j’achète par souci d’éviter le plastique mais je ne savais pas qu’il y avait des perturbateurs endocriniens dans les tissus synthétiques…

  • annie

    la nocivité allergisante (urticaire, eczéma, rhinite, asthme) de tous les produits fongicides appliqués généreusement par tous les fabricants de meubles, textiles, vêtements, chaussures pour la conservation en stock ou pendant le transport , contre les moisissures est maintenant bien connue : https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique-2/la-prevention-des-risques-professionnels-des-fongicides

  • Mae

    Merci pour cet article ! J’ai justement récemment commencé à me débarrasser de tous mes vêtements en polyester et élasthane. Pas toujours facile de les remplacer par contre, surtout ceux pour le travail…
    La seule chose qui m’embête vraiment, c’est le fait que même sur un t-shirt en coton bio et éthique, toutes les coutures sont en polyester. C’est à devenir fou, ou à faire ses vêtements soi-même… difficile d’être parfaite…

    • FRACCHIA

      Si vous commencez à regarder, vous devez banir vos produits de beauté, produits de soin, produits de douche…. et faire comme dans les plus anciennes années, porter un pantalon large et chemise 100% coton, se laver à l’eau (et encore avec tous les produits que contiennent l’eau !!).
      Ne plus prendre de voiture, pollue.
      Plus de bijoux néfaste.
      Conclusion, il faut déménager en campagne, sans tracteur, sans voiture, sans électricité, sans gaz….

      • Célestine Brunon

        Bonjour Fracchia,
        En effet il faut regarder aussi les compositions des produits de beauté (ce que nous faisons) des produits alimentaires (en consommant mieux, sans produits transformés, avec l’indépendance alimentaire c’est vrai que c’est encore mieux !) et en général des produits de la vie quotidienne.
        Mais c’est un effort qui en vaut la peine pour nos enfants et les générations futures ; de plus, lorsque l’on change réellement ses habitudes, cela ne demande pas vraiment d’effort, une fois que l’on a compris ce qui était néfaste, chacun fait ce qu’il peut, à son rythme, sans s’attendre à la perfection (comme le dit Mae, difficile de l’atteindre)!
        Et aucun besoin de vivre dans une caverne, le tout est de faire de son mieux, avec justesse et bienveillance envers la planète et ses habitants actuels et futurs 🙂
        Bonne journée à vous !
        Célestine

  • Elise Sevelin

    Bonjour ! J’aimerais comprendre pourquoi le label Oeko-Tex n’est pas un gage de qualité en terme de produits nocifs ? Est ce que la liste des produits acceptées est encore trop souples ? J’aimerais beaucoup en savoir plus car je n’ai pas très bien compris cette partie de ton article.
    Merci d’avance

  • Marquet francoise

    D accord avec l article mais ou trouver des tissus en véritable coton cela ne se fait plus ou alors c est un mauvais coton il n y a qu a voir après le lavage tout rétréci même en lavant à la main
    C est désolant
    Tous les tissus sont trafiqués et on nous ment sur la qualité même pour la soie et le lin qui ne sont plus comme avant
    Les maladies de peau sont de plus en plus courantes
    Attention dans les prochaines années !!!!
    On parle d écologie mais même ceux qui se disent écolo ne le sont pas
    Le progrès pour certains travaux est une bonne chose mais pour avoir des choses saines et de qualité c est tout autre

  • Choisnet choisnet

    Bonjour,
    j’aimerais savoir si un oreiller en mousse de polyuréthane peut-être également nocif pour la santé ? Quelles sont les symptômes ? merci pour votre réponse.
    Cordialement.

  • MARIELLE

    Bonjour, je connaissais déjà les effets endocriniens et c’est pour mieux conseiller des amis que je suis allée sur le site. Mais j’en apprends tellement encore… des reportages me reviennent en mémoire et toutes ces informations semblent se croiser. Ce serait tellement dingue de tout supprimer. Est-ce que les marchands de coton seraient à la hauteur -:). Merci pour votre article

Répondre à FRACCHIA Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *